Rapture : A New Beginning
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Rapture : A New Beginning

Perdus dans une ville sous-marine désormais au bord de la décrépitude, des hommes et des femmes se déchirent et s'allient dans un seul but : survivre. Survivre en reconstruisant la ville... ou en l'envoyant par le fond.
 
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 Sortie du coma...

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Heartless 02
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MessageSujet: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitimeMer 9 Fév - 3:21

- Monsieur P ?

Hein
?

- Lève-toi, monsieur P !

Sous l'épais casque de cuir et d'acier, les paupières de l'adolescent s'entrouvrirent doucement. Son corps tout entier était engourdi, douloureux même. La lumière du plafond lui faisait mal aux yeux. Il avait faim. Et soif. Pourquoi était-il là, au fait?

- Monsieur P, s'il te plaît...

Monsieur P ? Ah non, c'est une erreur. Il ne s'appelait pas Monsieur P. Lui, c'était...
C'était comment, déjà ?

- Alleeeeeeer !!

Le jeune homme poussa un vague grognement tandis que la petite sœur le secouait.

- Vite ! S'il te plaîîîît !

Il tourna la tête sur le côté. Derrière le hublot du casque se tenait une petite fille. Avec de grands yeux jaunes. Ou dorés. Comme les siens.

- Tu es réveillé ? On va jouer ?

Réveillé.. Oui, il l'était. En tout cas, il le serait sous peu, parce que pour l'instant il avait un peu de mal à rassembler ses idées. La petite lui tira le bras. Pas méchamment. Au contraire. Bizarrement, il aimait bien. L'ex-comateux se redressa péniblement et réussit à s'asseoir ; il en profita pour jeter un œil curieux à la pièce qui l'entourait. Elle était pleine d'écrans, de couchettes comme la sienne, de moisissures et de flaques d'eau croupie.
Il n'aimait pas.
C'était normal, comme pièce...

La petite en premier !
On se fout de la petite.
Répète ?!


Le jeune homme secoua sa tête engourdie. C'était quoi, toutes ces voix ?

Ta propre voix, idiot...
Aller, on sort.
La petite !
Sortir d'ici, boire du sang...
... et récolter l'Adam !
Sortir d'ici.
Protéger la petite !

La fillette le fixa, avec ses grands yeux jaunes...

Moi je dirais qu'ils sont dorés, les yeux.
En tout cas ils sont mignons.
Ils sont un peu comme...
les miens, ouais.
Elle est mignonne.
Et gentille.
Qu'est-ce que tu en sais ?
C'est obligé.
Sinon elle ne m'aurait pas réveillé.
Tu es sûr que c'est toi qu'elle a réveillé ?


Mais qu'est-ce qui n'allait pas dans sa tête?
Le garçon descendit de sa couchette, un peu déboussolé, et dû prendre appui sur le mur pour ne pas tomber. Ses jambes flageolaient. Ses bras tremblaient, eux aussi. Son estomac criait famine, sa gorge était en feu, trop en feu, d'avoir été trop sèche, trop longtemps...
Au fait, ça faisait combien, "longtemps" ?

- Tu vas bien ?

La petite fille semblait inquiète pour lui, et un élan de gentillesse lui souleva le cœur. Il hésita a répondre. Tout n'allait pas bien, c'était désormais clair. Mais quelle était l'urgence à traiter avant toute chose ?

La faim !
La soif !
La petite !
Les voix !
Mais non, ça c'est normal...
Enfin... il me semble que ça l'est.


Madame Tenenbaum lui avait dit...

Tenenbaum, hein ?

Tilt. Tenenbaum.
Exactement. La docteur Tenenbaum qui ne souriait pas. La docteur Tenenbaum qui l'avait trafiqué, et qui avait dit qu'elle l'avait raté. La docteur Tenenbaum qui l'avait enfermé.

Elle, je vais la tuer !
T'es qu'un gamin.
Qui crois-tu pouvoir tuer ?
Occupe toi de la petite !
Tu me gonfles, avec ta gamine !
LA PETITE !!!
Ok, va pour la petite.
Après ?
La petite.
Mais encore ?
Jouer avec elle ?
J'ai passé l'âge de jouer.
C'est le docteur Alexandre qui l'a dit.
Alexandre !
Oh, non, ça suffit !!
Un problème à la fois !
Certes.
Je fais quoi ?
Je ramasse de l'Adam.
Qu'est-ce que c'est que ça ?
Tu devrais le savoir, puisque tu es dans ma tête.
Ah, mais pardon, mais TU es dans MA tête !
T'as des preuves ?
Silence !
Écoutez moi !
Comme si j'avais le choix...
Silence ! ... merci. D'abord, la petite. Ensuite, à manger et à boire. Après, je sors d'ici, puis on verra pour l'Adam et le reste.
C'est ce que je répète depuis tout à l'heure.
Dans ce cas, c'est réglé.

- Monsieur P ? Tu es sûr que ça va ?

L'adolescent s'ébroua. Son estomac grondait.

- Tu as faim ?

Il hocha la tête aussi frénétiquement que son mal de crâne le lui permettait. Il était affamé. La petite fille lui lança un grand sourire.

- Je sais où il y a à manger, Monsieur P !

Arrête de m'appeler Monsieur P, je ne suis pas Monsieur P...

Si.
Hein ?
Je suis son Monsieur P.
C'est elle qui décide.
Pour nous tous ?
Tous ?
Il n' y a que moi, ici.
C 'est elle qui décide.
Elle sait où il y a à manger : je la suis, un point c'est tout.
Mais...
Pas de "mais" !


Le jeune homme attrapa la main que lui tendait la petite fille, et prit alors conscience qu'il était bouclé dans une combinaison. Un étrange mécanisme ornait son bras gauche. La fillette ouvrit de grands yeux jaunes.
Ou dorés.

- Tu n'es pas Monsieur P... Tu es une grande sœur !

Sœur ? Sûrement pas ! Il était un garçon, pas une fille !

Est-ce que ce changement de statut nécessite un nouveau débat ?
Non. Je suis un protecteur. Je suis Monsieur P.
Pas de changements, donc.


Le schizophrène secoua la tête en signe de dénégation. La fille sembla perplexe. Elle lâcha la main du garçon et recula de quelques pas.

- Tu es qui ?

Le jeune homme tenta de parler, mais sans succès immédiat. Il n'obtint de la part de sa gorge que quelques borborygmes à la première tentative. La seconde ne fut pas plus brillante. Cependant, la troisième s'avéra être la bonne, et ses cordes vocales, malmenées par un long abandon, daignèrent reprendre leur service.

- Monsieur P. Je suis Monsieur P.

- Ah ? Tu es sûr que tu es un garçon ? Alors je dirais plutôt... Voyons... Grand frère !

Derrière le vitrage blindé, le jeune homme sourit. Sa nouvelle appellation lui convenait tout à fait.

- Va pour.

La fillette rigola et lui attrapa la main.

- T'es bizarre, grand frère.

Peut-être bien. En tous cas, si l'on faisait fi de son estomac atrocement vide, de sa gorge terriblement desséchée ainsi que des voix qui hantaient ses pensées, c'était certainement le moment le plus heureux qu'il ait passé depuis longtemps.

La petite courrait devant lui tandis qu'ils évoluaient à travers les couloirs étroits, se retournant de temps en temps pour lui lancer un sourire, ou lui dire de se dépêcher, ou tout simplement pour voir s'il était toujours là. ça lui faisait un bien fou. De se sentir utile. Aimé. D'avoir l'impression que si jamais il partait, il manquerait à quelqu'un. Pendant qu'il dormait, avait-il manqué à qui que ce soit ? Personne n'était venu. Il n'avait manqué à personne.

Et personne ne me manque.
Tout à fait d'accord !


La fillette tourna à l'angle du couloir, puis revint en courant.

- C'est là !

La petite s'était collée contre lui. A tel point qu'il avait presque du mal à bouger.

- Tu me perds pas, hein grand frère ?

La lumière émise par le casque passa du jaune pale au vert étincelant. Quelle question... Plutôt mourir que de la perdre, ne serait-ce que pour deux minutes. Le garçon prit la petite sous les aisselles. Il savait que dans son dos, une ceinture était toute prête à les attacher ensemble solidement, à la porter où qu'il aille, à faire en sorte que de toute façon, quoi qu'il se passe, il ne la perdrait pas. Comment il le savait ?

On s'en fiche. Je le sais. Et ça me suffit.

Il déposa délicatement la fille sur son dos, prenant garde à ne pas la blesser avec les fûts métalliques qui y étaient attachés. Elle comprit tout de suite. S'agrippant d'une main à la poignée prévue à cet effet, la poitrine collée contre le dos du jeune homme, elle fit passer la ceinture par dessus son propre dos et la clipsa. Le schizophrène tira alors doucement le bout de ceinture qui ballotait, et celle-ci se serra, garantissant le maintien de la petite.

Elle est en sécurité.
Tant mieux.
Mais le suis-je aussi ?
...
Bonne question.

Le grand frère se dirigea vers l'angle du couloir, tandis que la petite battait des pieds contre son dos. Ils arrivèrent dans une grande salle, aussi mal éclairée que les couloirs, dans laquelle des rangées de cellules se succédaient. Au bout de la salle se trouvait la machine bleue. Le grand frère s'approcha. Pour manger, il fallait payer. Pour boire aussi.

Je n'ai pas d' argent...
C 'est fâcheux.
Il suffit de chercher. je trouverais bien quelque chose.
Bien parlé !

La petite sœur tapota le casque de son protecteur afin d'attirer son attention.

- Pourquoi tu n'achète pas à manger ?
- Pas d'argent.

La petite fille fit la moue.

- Dépêche toi de manger, grand frère... Après, on ira voir les anges !

Le garçon se mit en quête de nourriture. Tout en faisant le tour de la salle, il cogitait.

Ange... Ça me dit quelque chose.
Ça me dit Adam.
Et Tenenbaum.
Il faut boire du sang !
Pour avoir de l'Adam ?
Sûrement.
Oui ou non ?
Comment pourrais-je le savoir ?
A manger !
Hein ?
Là !


L'une des cellule était ouverte. Deux cadavres pourrissaient dans un coin, et le sol était recouvert de sang séché, et plus important que tout deux vieilles boites de conserve et une bouteille reposaient dans un coin. Elles ne semblaient attendre que lui. Il s'approcha, défit les attaches de son casque, le posa sur l'unique banquette de la cellule et prit l'une des boites. Il la retourna dans tous les sens. Apparemment, elle était encore bonne. Un cliquetis retentis dans la pièce tandis qu'une longue seringue sortait du dispositif placé sur son bras droit. Alors, c'était à cela que ça servait ?
Le grand frère planta la seringue dans le couvercle, de métal et le fit sauter. Un mélange étrange remplissait la conserve à raz bord. Il lut l'étiquette : Salade de légumes cuits.

- Je peux aller jouer un peu, dis ?

Le jeune garçon hocha la tête, et la petite fille se détacha avec un sourire ravi. Lui, les deux mains et la bouche pleines de légumes, lui rendit son sourire comme il le pouvait, et retourna à sa dégustation. La fillette gambada dans la salle, sautant par-dessus un éboulis, par dessus un cadavre, par dessus des sièges renversés, s'inventant des jeux à chaque fois qu'elle découvrait quelque chose susceptible d'être amusant tandis que le grand frère ouvrait la seconde boîte et buvait une gorgée d'eau, les deux yeux rivés sur elle, prêt à bondir si quoi que ce soit de dangereux la menaçait.

Et si ce "quoi que ce soit" la menace, tu fais quoi, au juste ?

Quatre seringues surgirent en même temps du dispositif de son avant bras gauche tandis que sa main droite s'enflammait. Il fixa avec étonnement ses deux mains, dont l'une tenait désormais une poignée de nourriture brulée, puis il s'autorisa un sourire.

Quelque chose comme ça.
Mais en pire.


- De l'Adam !

Le jeune homme avala une dernière bouchée de la seconde boîte, finit la bouteille et partit rejoindre la petite sœur. Il allait enfin savoir à quoi correspondait cet "Adam".

Pas trop tôt.
Oh, ça va...


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MessageSujet: Re: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitimeJeu 10 Fév - 2:15

Le grand frère s'approcha de la petite sœur.

Celle-ci était occupée à planter sa seringue dans le cadavre sur lequel elle était penchée, près d’un mur. Le sang s'engouffrait dans le tube tandis que l'aiguille s'enfonçait profondément dans la cage thoracique du mort, allant pomper le liquide rouge et visqueux directement dans le cœur. Une odeur familière envahit les narines du jeune garçon, et il se laissa bercer par les douces effluves du sang gorgé d'Adam. Comment avait-il pu oublier cette odeur ?

L'envie irrépressible de planter à son tour une seringue dans le corps inerte, de regarder fiévreusement le sang monter, monter, dépasser les barres de mesure les unes après les autres, puis de laisser couler cette boisson chaude et délicate dans sa gorge, jusqu'à n'en avoir plus soif, le tenailla soudain. Il se rappelait qu'il avait, pendant un temps, évolué dans un monde d'or et d'argent, où il soignait les anges endormis et entourés de pétales de roses, en buvant leur sang. Une époque où il faisait la joie et la fierté des médecins en régurgitant l'Adam, où les jouets poussaient sur son chemin...

Il se cacha les yeux avec la main droite, la gauche toujours occupée par le casque. Il le revoyait, le paradis. La plongée dans les souvenirs était douloureuse, d'autant plus que désormais, il n'avait plus accès à tout cela. Alexandre avait fait apparaître à ses yeux un monde horrible, noir, humide, où il n'avait pas sa place, hormis sur une table d'opération. Le vrai monde.

Le grand frère se frotta les paupières et réprima sa pulsion première. D'abord, la petite devait boire. Il ne voulait pas la sortir de son monde, où les anges se soignent à grand coup de seringues gargantuesques pour le plus grand plaisir de quelques cinglés en blouse blanche, pour la bonne raison qu'il connaissait l'effet du brusque retour à la réalité. Si la fillette ne finissait pas tout le sang, il viendrait à son tour en boire, mais ce serait davantage par nostalgie d'un passé révolu qu'en réponse à l'appel d'un instinct inoculé dans son cerveau par conditionnement mental.

Bois !
Non.
Bois ! Pousse la petite !
Non.
Pousser la petite ? Non mais ça va pas mieux ?
Bois !
...
Bois !
La docteur Tenenbaum...
Je la hais !
Bois !
... disait souvent que ce qui différenciait l'animal de l'humain était la capacité à déroger à son instinct afin de mieux se préserver...
BOIS !
Elle disait que c'était cela, penser.

...

Suis-je un animal ?
Non.
Alors je ne boirais pas.
Mais...
Je ne boirais que s'il en reste.
Ou si elle a fini sa récolte de la journée, et que je trouve un autre ange.
Les anges n'existent pas.


Le grand frère soupira, fixant la petite sœur qui s' attelait à vider la seringue à grandes gorgées.

Plus pour moi.

La fillette se passa la main sur les lèvres, essuyant le sang qui y avait coulé, puis se tourna vers son protecteur avec un grand sourire. L'odeur enivrante se dissipa lentement.
Elle avait tout bu.

Connasse !!
QUOI ?!?
REDIS ENCORE UNE FOIS UN TRUC PAREIL...
Espèce de triple imbécile, c'est donc tout ce que tu trouves à dire ?! « Connasse » ?!?
...ET JE FAIS UN NŒUD AVEC TA LANGUE...
Un accès de rage pour avoir laissé une gosse tranquille au détriment d’un plaisir futile? Bah bravo...
Égoïste !
... AVANT DE TE LA FOURRER DANS L'OREILLE DROITE !!
Crétin !
Oui, bon, c'est bon là : j'ai compris le message.
Encore heureux !


La petite fille lui sauta dans les bras, reprit place sur son dos, et boucla la ceinture. Le jeune homme se surprit à pousser un soupir de soulagement : la petite était à nouveau en sûreté. Il se rendit compte qu'il n'avait pas cesser de stresser depuis qu'elle s'était libérée du lien qui les unissait matériellement. C était un retour à l'ordre naturel des choses : la petite, sur le dos. Pas ailleurs.

- On y va, grand frère ?

On y va.

Le schizophrène remit son casque, et s'assura que la ceinture était bien tendue.

Ça sent quoi, là ?
Voilà que tu deviens maniaque.
Tu sens de l'Adam partout.
Oui, arrête de nous pomper.
Tu l'auras, ton sang, de toute façon.
Je ne parlais pas d'Adam!
Ah?
Ça sent...
... les hommes.


Le jeune garçon se retourna vivement. Ça ne sentait plus les hommes, ça le puait. Et les hommes qui apparurent devant lui puaient la haine. Le ressentiment.
Et surtout...

L’Adam...
Ils ne sont pas morts !
Et alors ?
Mais...
Si je les tue, ce seront des cadavres, non ? Alors qu’est-ce que ça change ?
Ne joue pas sur les mots.
Pourtant, cela m’ arrange. Et ça me ferrais mal de me nier moi même, pour le coup.
La petite ! Danger !
Peut-être que non...
Danger !
Comment savoir ?



L’un des hommes se détacha du groupe faisant face au grand frère, et s’avança dans sa direction. Il était plus grand que la plupart de ses congénères : sa démarche était celle d’une personne arrogante, son maintien celui d’un homme sournois. Son faciès, rendu grotesque par les mutations causées par une abusive prise d’Adam, était crispé en un sourire veule, et sa main droite était tendue avec avidité vers la petite.
Le garçon recula d’un pas, et l’homme se figea. Son rictus se transforma en grimace de rage. Le chrosôme sortit un pistolet de sa ceinture, et le braqua vers le protecteur, rapidement imité par le reste de son groupe.

- Donne la petite.

Le schizophrène fixa le chrosôme. Lui donner la gosse ?

- Pose la. Tu n’ est pas de taille, grande sœur à la noix. On est trop, même pour toi.

QUOI ?

- Pose la et on t’épargnera : on le jure.

Le grand frère poussa un rugissement suraigu tandis qu’un brasier infernal prenait vie dans sa main droite, et que les seringues se déployaient les unes après les autres dans un cliquetis furieux. La simple possibilité de pouvoir échanger son salut contre la vie de la petite sœur l'avait mis hors de lui.

Alors d’après lui, je ne suis pas de taille, hein ?
Le tuer !
Tous les tuer !
TUER !!
... Pour une fois qu’ il y a consensus, on ne va pas cracher dessus.


- Tu ne fais pas le bon choix, gonzesse !

La lumière du casque vira du jaune au rouge sombre, puis cramoisi, d'un couleur presque sanguine. Le jeune homme rugit de nouveau, ramassé sur lui même, prêt à bondir.

"Gonzesse", hein ?

- Feu !


Dernière édition par Heartless 02 le Sam 19 Mar - 21:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitimeVen 11 Fév - 4:46

Vincent tremblait.

Le corps plongé dans une alcôve, le jeune homme était noyé dans la pénombre ambiante. Transi, il grelottait convulsivement, autant de peur que de froid. Ses vêtements, réduits en lambeaux depuis plusieurs heures, n'offraient plus aucune résistance aux attaques incisives de l'humidité. Celle-ci semblait régner en maîtresse absolue, couvrant toute chose, vivante ou inerte, d'une fine pellicule d'eau glacée. Essuyant vivement ses yeux embués, Vincent ouvrit, au prix d'un lourd effort, ses paupières pesantes, luttant contre l'engourdissement qui l'envahissait peu à peu.

Une lampe à huile gisait à terre, en partie brisée : sa lueur maladive éclairait à peine les lieux, accentuant leur aspect malsain. D'immenses flaques s'étendaient au sol : emplies de détritus en tout genre, les ténèbres les changeaient en horreurs rampantes, tentaculaires...

Le jeune homme parvint péniblement à détecter deux corps étendus à terre : masqués par l'ombre, ils semblaient tordus de façon grotesque, pareils à de terrifiants pantins désarticulés.

Affrontant une nouvelle vague de torpeur, Vincent bougea lentement ses membres, tentant de les assouplir malgré sa position inconfortable. S'ensuivit une série de craquements douloureux, mais salutaires, car il se sentit rapidement à nouveau capable de bouger. Se levant avec douceur, le jeune homme parvint, malgré un léger vertige, à se maintenir debout. Sa main droite serrait avec force une barre à mine, et un lourd sac lui meurtrissait l'épaule gauche : il avait tenté de se procurer tout ce qu'il jugeait utile, à mesure que s'égrenaient les longues heures suivant son arrivée dans cet enfer sous-marin...

Assailli par une vague de souvenirs, Vincent repris sa pénible marche à travers les longs couloirs de cette... "Rapture", tout en tâchant de reconstituer mentalement, de façon méthodique, les derniers évènements :

[Pour une meilleure compréhension de ce passage, je vous invite à aller voir le sujet "Perdu et Transi" dans la section Océan]


" Une fois sorti de l'inconscience, j'ai aidé un autre homme à atteindre le phare, après qu'il se soit laisser dériver jusqu'à moi. Épuisé, il est parvenu à me dire son nom, Antoine Junot, d'où il venait, et surtout il me fit un résumé concis de l'accident.
Originaire de France, il avait réservé une place dans un bateau en partance pour le Canada, convaincu qu'il y avait bien plus d'avenir en Amérique que dans son pays natal. Après une journée de voyage sans heurts, le navire se serait trouvé pris dans une violente tempête : l'équipage avait d'abord rassuré les passagers, persuadés qu'ils parviendraient à passer. Mais le bruit d'une violence explosion se fit entendre depuis la cale, affolant les marins et le capitaine à bord.

C'est à ce moment précis que tout aurait basculé.
Les gens commençaient à s'entretuer pour arriver aux canaux de sauvetage, et l'équipage, armé, tirai sur la foule à bout portant pour l'éloigner. Le navire entier aurait peu à peu sombré à la fois dans l'eau glaciale de l'Atlantique et dans une folie aussi sanglante qu'incontrôlable. Gardant son sang-froid et jouant de son physique imposant, Antoine était presque parvenu à se frayer un chemin jusqu'aux canaux, mais avait reçu un violent coup à la tête, qui l'aurait laissé groggy. Il aurait heureusement rapidement retrouvé ses esprit, et après avoir été submergé durant plusieurs minutes, il serait parvenu à remonter à la surface, s'agrippant à un amas de bois flottant.

Nous avons pris quelques minutes pour discuter et faire le point.
je n'appris rien de plus sur moi, l'homme ne me connaissant pas et ne m'ayant qu'entraperçu durant le voyage. La seule chose que je pus en déduire, c'est que j'étais français, puisque je le comprenais et que cette langue me venait naturellement à l'esprit.

Décidant de rester ensemble et de s'aventurer dans le phare, nous restâmes interdits devant ce qu'il recelait. De multiples projecteurs éclairaient d'étranges gravures, représentant un symbole que je n'avais jamais vu auparavant. Un terme revenait constamment, qui devait très bientôt nous donner des frissons d'hypothermie : "Rapture"...

L'escalier menant en haut du phare était condamné, mais nous découvrîmes vite que celui-ci en recelait un autre... et qu'il descendait profondément sous le phare. Intrigués, nous sommes prudemment descendus dans les entrailles de cet insolite bâtiment, finissant par trouver, dans une salle exigüe, un miniscule sous-marin.

Lorsque nous arrivâmes au niveau de l'appareil, une grille s'abaissa rapidement derrière nous, condamnant la pièce tout en nous plongeant dans la pénombre. Après plusieurs tentatives pour trouver une faille et rebrousser chemin, nous dûmes nous rendre à l'évidence : quelqu'un nous forçait à entrer dans le petit engin submersible.

Résignés, mais sur le qui-vive, nous avons pénétrés dans la machine avec précaution.
Au moment ou la porte se refermait sur nous, j'eus le sentiment que je venais de commettre un acte aux conséquences dramatiques. De nombreux bruits métalliques résonnèrent presque aussitôt, et le sous-marin s'enfonça lentement dans l'océan.

Mon inquiétude s'accrut davantage.

Antoine était lui aussi nerveux, mais demeurait silencieux. Nous sursautâmes de concert lorsqu'un air de jazz se fit brusquement entendre. Souriant d'une situation si insolite, nos expressions, presque détendues par la musique, redevinrent graves lorsqu'elle fit place à une voix grave, au timbre distingué... "



Un bruit soudain tira Vincent de ses réflexions.
Il cheminait toujours le long d'un interminable couloir, mais quelque chose avait momentanément couvert le concert monotone des gouttes d'eau et des grincements. Tendant l'oreille, Vincent put cette fois identifier le son avec plus de précision : il s'agissait d'un hurlement, sensiblement atténué par l'écho. il semblait provenir d'une des quelques pièces clôturant le couloir.

" Merde... " murmura Vincent, tendant sa barre à mine droit devant lui.
Ses années d'escrime prirent inconsciemment le relais sur sa mémoire déficiente, et il soupesa posément l'arme improvisée. La jugeant peu équilibrée, il se sentit néanmoins capable de réaliser quelques coups convenables, bien qu'il fatiguerait rapidement.

Confronté à plusieurs choix, il décida de se porter sur le moins prudent : avancer pour découvrir la source du bruit.

Je dois en savoir davantage sur cet endroit. Quelqu'un doit se trouver la-bas. Il m'aidera. Il faut qu'il m'aide...

tentant tant bien que mal de se rassurer, sans grand succès, le jeune homme avança pas à pas, la posture voûtée, son arme improvisée machinalement tenue dans une position défensive.

Arrivé au bout du couloir, il put à nouveau entendre un bruit différent. C'était une sorte de succion, mêlée à des bredouillements incohérents. A la fois fasciné et terrifié, Vincent jeta un bref coup d'œil sur la pièce d'où provenait le son.

Il regretta instantanément son acte.

Des cadavres, à peine éclairés par une lueur océanique émanant de larges verandas, en jonchaient le milieu : il put distinguer au moins une dizaine de corps.
Comme unis par le trépas, leurs membres boursouflés s'entremêlaient dans une mêlée confuse. Pourtant, ce ne furent pas ces cadavres mutilés sur un sol jonché de sang et d'entrailles qui horrifièrent le jeune homme, mais bien la créature qui les surplombait...

Son corps désarticulé était mû par de terribles spasmes : elle plantait convulsivement de longues aiguilles dans le corps des défunts, à grands concerts de rires grinçants et de murmures. Il ne parvenait pas à voir son visage, mais une douce lueur rouge semblait émaner d'elle. Le reste de son corps, couvert d'une sorte d'armure, paraissait typiquement humain, mais il lui évoquait davantage, de façon saisissante, celui d'un étrange insecte.

Un autre détail augmenta encore d'un degré son effroi : à gauche de la créature, une petite fille s'abreuvait de sang, qu'elle récupérait périodiquement par l'intermédiaire d'une énorme seringue. Ses yeux, d'un jaune translucide, transparaissaient d'une joie palpable...

Devant une scène aussi malsaine, le jeune homme ne put réprimer un faible cri, qu'il tenta aussitôt d'étouffer.
Le monstre, cessant sa macabre besogne, s'immobilisa, pareil à un limier désormais à l'affut. Lorsqu'il se retourna d'un bloc, Vincent se plaqua vivement au mur dans le vain espoir qu'il ne le verrait pas ; le corps paralysé, il ferma les yeux, cherchant à tout prix à ôter de son esprit cet œil rouge, si rouge...


Dernière édition par velvet le Mar 2 Aoû - 14:32, édité 11 fois
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MessageSujet: Re: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitimeSam 12 Fév - 4:56

C'était quoi ?
Très bonne question.
Il y en a un qui n'est pas mort, peut être ?

Le grand frère regarda les chosômes étendus sur le sol.

Impossible.
On en a fait du gruyère...
Et puis le bruit provenait de derrière moi, pas de devant.
Pardon d'appuyer sur ce détail insignifiant, mais était-ce véritablement nécessaire, cet acharnement ?
Un seul coup par cadavre est amplement suffisant pour pomper le sang...
Hum, oui, bon, on ne va pas s'appesantir dessus.
Exactement : chacun ses lubies, merde !
Et le bruit ?
Ah, bah oui, le bruit.
C'était quoi !?
Question inutile, car déjà formulée lors de cette assemblée.
Je ramène les priorités à l'ordre du jour, c'est tout...
On va voir ?
En laissant la petite ?
Elle est à moins de dix mètres, c'est pas comme si on allait la perdre de vue...
On va voir.
Ça venait d'où, déjà ?
Derrière la porte défoncée.
T'es sûr ?
Attend, tu remet en cause ton ouïe, là...
Sommes-nous sûrs de moi ?
Allez, vire la donc de tes pensés et regarde derrière, c'est pas plus dur que ça...


Le schizophrène s'approcha de la porte, qui pendait lamentablement sur ses gonds, et l'arracha de son cadre, la lancant négligement à travers la pièce. Plaqué contre le mur, une barre à mine tendue devant lui, se trouvait la source du bruit.

Un homme.
Oui, merci, on avait vu...
Mais qui c'est ?
Pourquoi il est là ?


Le grand frère resta interdit devant le nouveau venu.
Celui-ci ne lui semblait pas être hostile. En fait, il semblait plutôt être en train de se demander pourquoi il n'avait pas pris ses jambes à son cou pendant que le grand frère s'approchait de la porte. La barre d'acier trempé que l'inconnu tendait devant lui ressemblait plus une position défensive désespérée qu'à une quelconque provocation.

Le grand frère hésitait cependant à changer la couleur de la lumière émise par le hublot de son casque...
De une, il était encore énervé par la méprise des chosômes à son égard.
De deux, il avait été blessé par cet imbécile de dégénéré, qui se prenait pour le roi de Rapture après avoir réuni sous sa coupe une dizaine de crétins miteux.
De trois, il était exaspéré d'avoir dû reporter à plus tard sa dégustation de sang pour aller vérifier l'origine d'un simple bruit.
Et enfin, le débat qui faisait rage dans sa tête à propos du changement de couleur lui filait un mal de crâne qui aurait énervé n'importe qui, même un être sensé.

On laisse le rouge ?
Il n'est pas dangereux...
Alors on passe au jaune ?
Il est mal en point.
Mais il est armé !
La petite ?
Elle n'est pas en danger.
Comment savoir ?
Il ne peut pas l'atteindre : elle est derrière nous.
Je fais quoi ?
On demande ?
Mais non, s'il est là pour elle il ne te le dira jamais, voyons.
Ah ?
Logique.
On laisse le rouge, alors.
Je veux de l'Adam.
C'est pas tout à fait le moment...
Je pourrais...
Oui ?
... et bien, tenter de concilier le tout.
Bonne idée.


- Qui c'est ?

La petite sœur avait fini sa récolte. Le jeune garçon attrapa sa protégée et la mit sur son dos, prêt à parer à toute éventualité : un souci de moins pour son cerveau encombré.

- Il n'a pas l'air méchant...

La fillette renifla, puis essuya le liquide vermeille qui avait coulé jusque sur sa robe, et se mit à humer l'air ambiant. Le garçon la laissa s'occuper d'une telle tâche : déterminer le taux d'Adam d'une personne alors que ses récepteurs olfactifs diffusaient le doux fumet de la substance de manière continue était impossible.

- Pas d'Adam.

Elle tapota sur le casque du grand frère.

- Tu vas pas le tuer, dis ?

Le tuer ?
Il n'a rien fait.
On est jamais trop prudent...
Tout de même, il semble être épuisé...
Qu'avons nous à craindre de la part d'un homme blessé, malade et sans plasmides ?
Pas grand chose.
Et bah alors ?
...
Peut-être peut-il me renseigner sur l'état de la ville ?
Oh, oui !
Ça fait si longtemps que nous n'avons pas vu autre chose que l'intérieur d'une cellule...
Si longtemps que nous n'avons pas eu de contact avec le reste de Rapture...
La curiosité l'emporte haut la main !
D'où tu décide pour les autres, toi ?
Ha, SILENCE !
...


Le jeune garçon s' approcha doucement du nouveau venu.

Pas de gestes brusques.
Il a peur.
Et alors ?
Et alors il peux devenir dangereux s'il pense que nous constituons un danger.
Mwahaha... c'est idiot.
Non : c'est humain.
Alors l'humain est idiot.
L'heure est mal choisie pour discuter des schémas psychologiques de l'être humain, vous ne trouvez pas ?
En effet, en effet...
Comment lui montrer que je ne lui veux pas de mal ?
Pour l'instant...
Et bien...
Dis-le lui ?
Mais... C'est comme pour lui, non ?
Si je lui veux vraiment du mal, je ne vais pas le lui dire.
Donc il va penser de toute façon que je peux être une menace...
Mais tu ES une menace !!
Certes... mais ce n'est pas le but recherché.
On opte pour un compromis ?
Encore ?!
Demande lui ce qu'il veux !
Bon...

Le grand frère s'approcha encore un peu plus, et fit revenir la couleur de son casque au jaune initial. La petite s'était lancée dans le chantonnement de vieilles berceuses, détail anodin mais qui réconforta sensiblement son protecteur. Il était désormais assez proche pour pouvoir toucher l'extrémité de la barre à mine. Avec des gestes lents, le jeune garçon retira son casque, laissant ses cheveux longs et ébouriffés tomber en cascade sur ses minces épaules.
Il ne pouvait pas faire mieux, comme tentative d'approche apaisante.

Et s'il tente quelque chose de stupide ?
Tue le.


Le grand frère soupira : il était de nouveau obligé de parler, alors que ses cordes vocales lui faisait souffrir le martyr. Il grimaça, et se racla la gorge quelques secondes avant de se lancer.

- Que veux-tu ?


Dernière édition par Heartless 02 le Sam 19 Mar - 21:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitimeJeu 24 Fév - 6:37

Vincent était terrifié.

Il avait clairement entendu la créature approcher, mais cela ne l'avait pas empêcher de sursauter lorsque la porte fut arrachée de ses gonds. Après s'être jeté sur le mur adjacent, il s'était retourné hâtivement, soudain effrayé par l'idée d'être tué dans le dos. La barre à mine, qu'il tenait toujours en garde, tremblait légèrement, en écho de son maigre corps. Les yeux fixés sur le monstre qui lui faisait face, il ressentait un mélange de fascination et de répulsion :

Sa silhouette, longue et maigre, lui semblait moins insectoïde que lors du court instant ou il l'avait entraperçu. Ce corps, qui se mouvait de façon raide, presque robotique, évoquait plutôt celui d'un homme de grande taille, pourvu de longs membres et d'une taille étroite, que l'on aurait encastré dans une étrange armure.
Mais aux yeux du jeune homme, c'est l'attirail greffé sur cette chose qui la rendait profondément inhumaine. Ce qu'il avait pris pour un œil s'avérait être un grand casque, émettant une puissante lumière écarlate ; à son bras, des aiguilles, encore suintantes d'hémoglobine, luisaient vivement, éclairées par la lueur rougeâtre qui illuminait désormais une bonne partie du couloir ; enfin, sur diverses parties de son corps, des impacts de balles avaient pénétré la chair, lui renvoyant l'image d'un cadavre ambulant encagé dans du métal.

Le silence avait envahi les lieux, uniquement troublé par les pas de la créature.

Une voix au timbre insolite résonna soudain, arrachant le jeune homme à la contemplation du terrible golem :

- Qui c'est ?

Cette simple phrase, prononcée par une voix qu'il était certain de connaître, provoqua un choc si fort que le jeune homme se plaqua durement contre le mur. Pour un court instant, son esprit se déconnecta de la terrible réalité qui lui faisait face, assailli par un puissant flot de souvenirs...

" Une école...
Des rires d'enfants...
Accoudé au portail, je contemple une multitude de petits êtres criards jouer dans une grande cour. L'astre solaire est au Zénith, éclaboussant les lieux de sa chaleur et sa lumière.
Je souris.

Une jeune fille, m'ayant remarqué, se détache de la foule d'écoliers et s'avance vers moi, la bouche en cœur...

" Bonjour Vincent !"

Mon sourire s'accentue. Je la prends par la main, et quitte la cour.
Je me sens vivant.
Insouciant.

" Tu pourras m'aider à faire mes leçons, cette fois ? "

Cette fois-ci, j'éclate de rire, au grand dam de la fillette, qui me fixe d'un air faussement sérieux :

" T'es pas gentil, c'est pas drôle !"

Ma voix résonne, lointaine, désincarnée :

" Ce n'est pas ma faute si tu es aussi stupide que ta sœur !"

Cette fois-ci elle rougit, et entame d'une voix furieuse :

" Je lui dirais ! Comme ça elle te punira de ne pas m'avoir aidé ! "

Mon rire redouble, et je la fixe en louchant, goguenard :

" Que tu crois ! Elle m'aime trop pour ça ! "

Furieuse, elle se rue sur moi d'un air faussement féroce. Je l'attrape, et la place sur mon épaule, la ceinturant fermement. elle me roue le dos de coups de poings, criant d'indignation. Les impacts, comme atténués, ne me font rien.

" Aller, en route, ou tes parents vont encore me suspecter de t'avoir oublié ! " "


L'image s'efface en quelques instants.
Vincent n'a plus personne dans les bras.
Juste un morceau de fer écharpé qui lui meurtrit la main.

Une petite fille vient d'apparaître aux côtés de la créature.
Habillée d'une robe qui fut sûrement belle et d'un joli rose autrefois, elle ne semblait plus vêtue que de haillons, souillés par l'humidité et troués à de multiples endroits. Des collants gris, que terminaient de simples souliers d'écolières, rendaient cette enfant si familière et juvénile qu'elle en devenait effrayante.
Le monstre tendit le bras, et la petite vint naturellement s'y lover. L'élevant aussi facilement que s'il s'agissait d'une poupée, il la sangla dans son dos à l'aide d'une étrange ceinture. Une fois bien installée, la gamine fixa intensément le jeune homme, et déclara en souriant :

- Il n'a pas l'air méchant...

Jetant ensuite un rapide regard sur sa robe, elle fronça les sourcils, et y passa rapidement sa main libre, comme pour la nettoyer. C'est à ce moment précis qu'un horrible détail frappa brutalement le jeune homme :

La fillette avait la bouche couverte de sang.
Sa main droite tenait une longue seringue, qui, pareille à celle du monstre, dégoulinait toujours d'hémoglobine. Le cœur du jeune homme se serra à la vision, odieuse, d'un enfant à ce point souillé...
cessant son manège, elle finit par humer longuement l'air, puis déclara, d'une expression passablement surprise :

- Pas d'Adam.

Elle tapota le casque de son porteur, lui demandant sur un ton insistant :

- Tu va pas le tuer, dis ?

Les choses s'enchainèrent alors rapidement.
Tandis que la lueur du casque changeait de registre, passant d'un violent rouge à un jaune plus doux, la créature s'approcha davantage du jeune homme, s'arrêtant juste devant l'extrémité de la barre qu'il tenait toujours désespérément. Elle plaça ses mains sur son casque, et l'enleva après plusieurs gestes précis. Les longs cheveux qui cascadèrent sur son visage le masquèrent brièvement : il les placa sur les côtés, révélant ses traits au regard du jeune homme.

Cette vision le frappa aussi fort que s'il s'était retrouvé face à un faciès monstrueux.

La créature possédait un visage fin, bien que creusé par de nombreux sillons. Elle semblait jeune, d'un âge similaire au sien. Androgyne, il ne sut dire avec certitude s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme, bien que la première option lui paraisse la plus plausible. De la pâleur d'un spectre, les cheveux aussi sales qu'hirsutes, elle paraissait revenir d'un autre temps, comme s'il était resté enfermé durant des années.
Lorsque son regard se riva au sien, ses yeux le fascinèrent immédiatement : il s'agissait de deux billes noires, profondes, indéfinissables... il n'aurait su dire s'il y voyait de l'intelligence où une intense folie. Se raclant la gorge plusieurs fois, elle finit par émettre, d'une voix caverneuse, un son compréhensible :

- Que veux-tu ?

La question, pourtant commune, le laissa interdit après toute la folie qu'il venait de vivre.
Sa barre à mine tomba au sol, produisant un son sourd et brutal. L'angoisse lui bloquant la poitrine, il tenta de parler, mais aucune réponse intelligible ne franchit ses lèvres, si ce n'est une pesante respiration. Après une nouvelle tentative infructueuse, son esprit fut tiraillé entre des centaines de potentielles réponses, se mêlant dans un écrin de sensations confuses. La plus évidente sortit finalement, sur un ton ténu, presque fragile :

- Je ne sais pas...

Les larmes lui montant aux yeux, le jeune homme continua, d'une voix prête à se briser :

- Je ne sais pas où je suis. Je ne me souviens pas, je... je ne sais même pas qui je suis. Vous savez parler, alors... vous n'allez pas me tuer... n'est-ce pas ?

Ses yeux commençaient à s'humidifier, se brouiller... Prenant une profonde inspiration, le jeune homme refoula ses sanglots, mais ne parvint pas à contenir ses pleurs :

- J'ai... je... je n'ai pas envie de mourir... pas ici... je... J'ai perdu Antoine. Il a rejoint tous les morts qui traînent au sol... tué par... par un fou... "

Ce souvenir fut de trop.
La tension nerveuse qui refoulait tant bien que mal son angoisse se brisa, et Vincent tomba à genoux. Se tenant les côtes, il laissa éclater la peur qui l'oppressait depuis son arrivée dans cette folie aquatique. Difficilement, il continua à parler, de façon douloureuse et saccadée :

- Bordel, tout... tout le... m... monde est... fou... per... pers... personne de... de sen... sé... tous déments... gonflés... bouffis...

Levant les yeux vers la créature qui le surplombait toujours, il renifla, puis articula péniblement :

- Et t... toi, qui...qui es... tu ?


Dernière édition par velvet le Mar 2 Aoû - 14:44, édité 7 fois
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MessageSujet: Re: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitimeMar 8 Mar - 23:11

Le grand frère regardait l'homme, complètement éberlué.
Non seulement il ne comprenait strictement rien aux balbutiements incohérents de son interlocuteur, mais en plus celui-ci avait glissé le long du mur, et s'était mis à pleurer de manière incontrôlable.

Mais qu'est-ce qu'il raconte ?
Comment veux-tu que je le sache...
Hum, il me semble que nous ayons affaire à une personne dont le pays d’ origine soit différent du notre.
Par conséquent, sa langue diffère elle aussi.
Apparemment, il est en plus sujet à une crise de nerf, sûrement due à une surexposition au danger.
... Ce qui signifie ?
Que cet homme ne parle pas anglais, aussi étrange que cela puisse être à Rapture, et qu’il est mort de trouille.
Super.
Ça tombe bien.
Pour la récolte d'info, c'est grillé.
Pour la tentative de coopération aussi.
Il faut trouver un moyen de nous faire comprendre...
Très intelligent, tu as trouvé ça tout seul ?
Comment on fait ?!
Humpf.
...
Le principal, c’est qu’il comprenne qu’on ne lui veut pas de mal tant qu’il ne touche pas à la fillette.
Ça, c’est facile.


Le jeune homme attrapa l’étranger par les épaules, et le remit debout avec toute la délicatesse qu’il était capable de déployer pour une autre personne que la petite sœur.
Celui-ci vacilla un instant, surpris et encore sous le choc, et finit par s’appuyer contre le mur, complètement lessivé par la peur, les montées d’adrénalines successives, ainsi qu'un visible manque de repos. Le grand-frère secoua la tête, exaspéré : dans cet état, l’ inconnu risquait de ne pas survivre bien longtemps.
La petite sœur se mit à peigner les cheveux ébouriffés de son protecteur, utilisant ses mains minuscules à la manière d’ un peigne, les dix petits doigts fins agissants comme les dents de l’instrument pendant que ce dernier agrippait l’un des poignets du nouveau venu. Il le mena ensuite le plus gentiment possible vers l’une des cellules dotées de couchettes à peu prés propres, et l’assit de force sur le
pseudo-lit.

- Dors.


Il ne comprend pas, je te rappelle.
De toute façon? il est crevé.
Il s’endormira tôt ou tard.
Et puis s'il ne se rend pas compte que je l’ai mis dans un lit pour qu’il puisse se reposer, c’est qu’il est un peu lent à la détente.
Toujours charmant avec ses invités...
Il ne me semble pas avoir souhaité sa venue à un quelconque moment.
Toujours aimable...
Ouais, bon ça va.
Mais admettez que pour l’instant, il constitue plus un poids qu’autre chose.
Et alors ?
Tu as d’autres impératifs, peut-être ?
La petite est en sécurité, nourrie, on a pas faim, pas soif, pas de problème majeur... alors explique nous en quoi une conduite, sinon amicale, tout du moins courtoise, te serais nuisible ?
Vous me gonflez...
Houulaa, on touche une corde sensible...
...



Le grand frère sortit de la cellule, laissant le jeune homme s’abandonner aux bras de Morphée. La proximité d’un autre être humain l’incommodait terriblement.


Ah ?
Et la petite, alors ?



Le visage émacié de l'adolescent se fendit d’ un léger sourire.
Elle, ce n'était pas la même chose.
Le grand frère replaça son casque sur sa tête, et alluma la lumière externe. Dans cette salle en ruine et plongée dans une semi-obscurité alternative plus qu’agaçante, trouver assez à manger pour deux hommes adultes, même avec une source de lumière viable, relevait de l’exploit. La plupart des conserves qu’il dénichaient étaient soit périmées depuis longtemps, soit vides, ce qui posait légèrement problème...


Au fait...
Hmmm ?


Le jeune homme s’arrêta au milieu d’une geôle vide, en proie à une interrogation soudaine.


Elle s’appelle comment, la gosse ?
Hein ?


Le grand frère n’en revenait pas : comment avait-il pu oublier de demander son prénom à sa protégée ?
Il attrapa la boucle de la ceinture qui maintenait la petite sœur et tira lentement dessus pour la faire descendre. La fillette mit pied à terre et leva de grands yeux jaunes...


Ou dorés...


... jaunes, disais-je, et un peu ensommeillés aussi, vers le jeune homme.

- Qu’est-ce qu’il y a, grand-frère ? On va se coucher, déjà ? J’ai pas du tout...

Elle bailla longuement et se frotta les yeux.

-... mais pas du tout sommeil.

L'dolescent s’accroupit prés de l’enfant et la poussa du bout des doigts. Elle recula de quelques pas et tomba sur le postérieur, ses jambes fatiguées incapable de la maintenir debout plus longtemps. La petite sœur leva la tête et lança un sourire endormi à son gardien.

-Peut-être que si, en fait.

Elle leva deux bras implorants.

- Tu me portes ?

Le grand-frère souleva doucement sa protégée, et se dirigea vers la cellule la plus propre pendant qu’elle jouait avec la chaîne de cuivre qu’il portait autour du cou, faisant tourner lentement la plaque de recensement entre ses doigts fragiles. Il prépara la couchette de la geôle avec soin et plaça la petite fille dans les draps les moins maculés de tâches. Elle se fit un nid avec les couvertures et se lova à l’intérieur, s'endormant presque aussitôt.
Les questions attendraient bien demain.
Le grand-frère sortit de la cellule, jeta un regard à la geôle où reposait l’inconnu et, rassuré, se mit à rôder à la recherche d’un repas digne de ce nom.


Pour deux personnes, n'oublie pas.


L'adolescent secoua la tête et soupira.
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MessageSujet: Re: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitimeJeu 14 Avr - 7:54

Vincent était broyé par l'angoisse.

Durant des heures, il avait tenu bon, refoulant sa peur derrière un masque rationnel : mais depuis qu'Antoine était mort, la tension nerveuse s'accumulait en lui, et le seul fait de prononcer quelques mots avait brisé les barrières qu'il s'imposait.
Désormais, il était à genoux devant la créature. Les yeux brouillés, le corps secoué par d'irrépressibles sanglots, il contemplait ses mains d'un air égaré. Celle qui avait tenu la barre à mine était parsemé d'éraflures sanguinolentes, comme s'il avait violemment plongé la main dans un amas de ronces. Plus aucune lumière n'émanait du casque de la créature depuis qu'elle l'avait ôté : ils n'étaient plus éclairés que par la lueur blafarde de quelques lanternes éparses, conférant à la scène une aura irréelle.

- " C'est... Un cau... Cauchemar... " bredouilla faiblement le jeune homme.

Serrant et desserrant les poings, il tenta de se convaincre que toute cette folie n'était qu'illusoire, qu'il se réveillerait sous peu, ou que ce soit, et qu'il en sourirait, soulagé d'être revenu à la réalité.

Cependant, une part de lui-même rejetait cette douce option, aussi séduisante puisse t-elle être. L'humidité poisseuse et étouffante, la douleur irradiant de sa main, la créature qui le surplombait, le meurtre d'Antoine, tout cela était réel, cruellement réel.
L'évocation de son ami disparu lui rappela l'assassinat qui, malgré tout ses efforts, le hantait depuis plusieurs heures :

" Menant la marche, Antoine leva soudain la main, alerté. Devant nous, un couloir, plongé dans l'obscurité. Je tend l'oreille, attentif, et distingue un léger murmure, comme une douce berceuse.
La tension retombe, je souris : enfin quelqu'un !
Antoine reste méfiant. Les sourcils froncés, portant un doigt à ses lèvres, il m'incite à garde le silence. J'obéis, intrigué. Il me fait signe de rester ici, et va se placer sur un côté du couloir, son gourdin improvisé tendu, prêt à frapper. Par quelques gestes, il me fait signe d'appeler la source du bruit. Me raclant la gorge, je tâche de prendre un ton amical :

- " Ho hé ? Il y a quelqu'un ici ? "

Le murmure s'arrête soudainement. Après quelques instants de silence, des bruits de pas, accompagnés d'un grincement métallique, se font entendre. De l'obscurité se dégage une forme, qui s'affine en se rapprochant de la sortie du tunnel : une femme avec une poussette.
Jusqu'à présent, les seules choses que nous ayons trouvé au sein de cette étrange cité sous-marine, étaient des pancartes aux slogans haineux, ou le nom "Ryan" revenait sans cesse, et des débris en tout genre. L'idée d'enfin croiser un autre être humain me réjouit. Alors que le silhouette est sur le point de franchir le bout du tunnel, Antoine se détend, et recule pour ne pas effrayer l'arrivante.
Lorsque celle-ci sort des ténèbres, l'horreur s'empare de moi.
Dans la poussette tâchée de sang se tient le corps d'un nouveau-né mutilé : privé de ses membres, il n'en subsiste que le tronc, sur lequel repose une tête affreusement scarifiée. L'apparence de la femme est tout aussi écœurante : habillée d'une longue robe en lambeaux, elle est souillée de sang, et porte à son cou, tel un pendentif, une main d'enfant. Son visage est caché derrière un masque de carnaval, mais celui-ci ne peut en camoufler entièrement la difformité. seuls le front et le menton, tordus et gonflés, sont visibles, douloureux échos d'un visage monstrueux.

Antoine, qui s'était avancé pour accueillir l'arrivante, recule précipitamment vers moi. Son expression suinte la peur. La femme, secouée par de violents tremblements, le fixe longuement. Elle finit par parler, sur un timbre glacial :

" - Des nouveaux ? "

Elle lâche la poussette, qui roule à sa droite en grinçant bruyamment. Nous étudiant toujours, elle se rapproche de nous d'une démarche lente, presque maladroite :

" - Je cherche mon bébé, " continue t-elle sur un ton soudainement triste, " elle s'appelle Julie. Elle a des joues roses et des mains adorables. " elle caresse la main suspendue à son cou pour appuyer ses dires.

La peur s'emparant de nous, nous reculons pas à pas, prêts à courir à la moindre menace. Nous voyant nous éloigner, elle accélère l'allure, nous questionnant d'une voix suspicieuse :

" - Ou allez-vous comme ça ? "

Après un bref regard, nous nous retournons d'un bloc, et courrons vers la pièce du batysphère. Un bruit de course se fait entendre derrière nous, suivi par des hurlements incohérents :

" - Revenez !
Je vous interdis de partir !
Revenez !
Je veux simplement vous parler !
Revenez !
Je ne veux pas vous faire mal !
"

L'écho de ses cris résonne dans les couloirs tandis que nous courrons. Hors d'haleine, pensant l'avoir semé, nous nous arrêtons un instant dans un coin sombre, reprenant notre souffle. Un bruit soudain attire notre attention. Scrutant attentivement la pièce, je suis intrigué par des impacts soudain sur le sol. Comme si quelqu'un grimpait au...

" ... Plafond ! " Hurle Antoine, se remettant à courir.

Rivant mes yeux vers les hauteurs de la salle, je reste pétrifié, incapable de faire un geste. La femme, pareille à une araignée, se rapproche vivement d'Antoine. Je vois un projectile traverser la pénombre ambiante. Je vois mon compagnon tomber avec un cri de douleur. Je vois la femme lui sauter dessus, l'immobilisant au sol. Je vois le crochet briller à la lueur blafarde d'une lanterne, puis s'abattre. J'entends la femme, hystérique, hurler des obscénités, couvrant les plaintes de sa victime.

Je ne vois soudain plus rien, m'engouffrant dans un couloir... "


Éreinté, perdu, transi... Et seul.


Une poigne de fer remit soudain le jeune homme d'aplomb. Chancelant, celui-ci, vidé de toute énergie, se laissa guider par la créature. Trébuchant sur chaque obstacle, il avait l'impression que son corps ne lui appartenait plus, qu'il marchait dans des nappes de brouillard sapant sa force et sa vigueur. Néanmoins, son guide avait de la poigne, et lorsqu'il était sur le point de s'effondrer, la créature le tirait brusquement, le ramenant à la réalité.
Soudain, il sentit un contact dur sous ses fesses : la créature venait de l'asseoir quelque part. Posant ses mains autour de lui, il réalisa qu'il avait assez de place pour s'allonger.

- " Dort. " lui intima l'être étrange en sortant de la pièce.

S'installant sur la couchette, Vincent ferma les yeux, et le sommeil l'engloutit en à peine quelques instants.

Une petite voix douce le réveilla, quelques heures plus tard :

- " Wake up ! "

Le jeune homme grogna, puis bougea la tête vers celui qui l'arrachait à l'antre de Morphée. S'apprêtant à répondre, une chose le frappa instantanément, avant même qu'il n'ouvre la bouche :

" Wake up " ?

" Réveille-toi ".

Tilt.

La différence entre les deux langues s'imprima soudainement dans l'esprit de l'amnésique. Il voyait ces deux phrases se dissocier, puis se mélanger dans la même image. Des centaines de mots gravitèrent en lui, s'assemblant en une pyramide sans fin.
Rassemblant ses idées, il fit le point sur cette découverte : il avait fait la traduction inconsciemment, preuve qu'il parlait leur langue couramment. Cette langue, dont le nom lui était encore inconnu, lui semblait, en toute logique, être pratiquée dans cette ville : il ne devrait donc avoir aucun mal à communiquer, mais aurait sûrement besoin d'un temps de réadaptation oral.

Désormais accoutumé à la lumière ambiante, le jeune homme ouvrit les yeux, et contempla la responsable de son réveil prématuré :

c'était la même petite fille qu'hier. Son visage lui était extrêmement familier. Il tenta un nouveau sondage de sa mémoire, mais la seule chose qui lui venait à l'esprit était la scène apparue lorsqu'il avait entendu sa voix pour la première fois. En quoi cette petite fille aux yeux dorés pouvait-elle lui rappeler cette écolière ? Simple coïncidence, réminiscence due à des ressemblances ? Il n'en savait rien pour l'instant, et n'avait aucune envie de jouer les inquisiteurs avec cette fillette.
S'asseyant sur le lit, le jeune homme passa ses mains sur son front, tentant de dissiper les derniers effets du sommeil, mais la torpeur continuait de l'envelopper d'un cocon tenace. Souriant légèrement, il se résigna à ne pas écouter son corps. Mieux valait, semble t-il ne pas mécontenter la petite : son protecteur pourrait très bien exercer des représailles pour une simple impolitesse.
Fixant la gamine, Vincent lui répondit, sur un ton ensommeillé :

" - Voila petite, je suis réveillé. Maintenant, que veux-tu ? "

" - Tu n'as pas d'Adam. "

" - De l'Adam ? "

Vincent se rappela immédiatement la phrase qu'avait énoncé la fillette quelques heures plus tôt : " Pas d'Adam. ", suivie de " Tu vas pas le tuer, dis ? ". Ce terme, pour être lié aussi intimement au droit de vie ou de mort, devait signifier quelque chose d'important pour la petite fille et son protecteur.
Cela avait-il un lien avec le fait qu'elle buvait du sang ?

Cette image fit frémir le jeune homme. Regardant intensément la petite fille, il lui demanda abruptement :

" - Je t'ai vu avec du sang sur la figure, petite fille. Pourquoi ? "

Regardant Vincent avec étonnement, elle répondit en souriant, d'une voix emplie d'innocence :

" - Je soigne les anges. "

Avant que son interlocuteur ne puisse surenchérir, elle rajouta avec excitation :

" - J'ai trouvé ça pour toi, puisque tu n'as pas d'Adam. Comme ça, plus tard, toi aussi tu seras un ange. "

Décroisant les mains de son dos, elle tendit au jeune homme une énorme seringue.

Emplie d'un liquide jaune et opaque, il y était apposé une petite affiche : elle représentait un homme qui semblait soulever une pierre à distance. Intrigué, Vincent la prit des mains de la petite fille, mais même en l'étudiant intensément, il ne vit aucun autre élément indicateur. Constatant la suspicion que son cadeau provoquait, la petite fille surenchérit :

- " Tu vas voir, ça va te faire tout drôle ! "

Des milliers d'image assaillirent soudain le jeune homme, comme si cette phrase en réveillait une autre, riche d'informations.

Nouveau déclic.

- " C'est de la drogue ? "

La petite ouvrit la bouche pour répondre, puis s'arrêta soudain, comme alertée par quelque chose. Humant profondément l'air, elle sourit largement :

- " Grand frère arrive. J'espère qu'il a trouvé à manger ! "

Sortant de la pièce en sautillant, elle le laissa, seul avec la seringue. La faisant passer d'une main à l'autre, indécis, Vincent ignorait, malgré toute son intelligence, ce qu'il avait à faire. Cet objet le mettait curieusement mal à l'aise, comme s'il contenait quelque chose de... Surnaturel.


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MessageSujet: Re: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitimeJeu 28 Avr - 21:50

L'adolescent hésitait à s'éloigner de la petite.

Ça le mettait mal-à-l'aise de la savoir seule, d'autant plus qu'il était obligé de s'éloigner d'elle de plus de vingt mètre et pour une durée indéterminée. Trouver de la nourriture n'est malheureusement pas chose aisée sur Rapture, à moins d'être particulièrement chanceux ou de se trouver à un endroit où les chrosômes n'ont pas farfouillé - ces deux faits étant généralement liés - et, la plupart du temps, tomber sur une boîte de conserve intact, non périmée et ne contenant pas une farce abrutie, du genre mine de proximité enclenchée, faisait partie du registre des choses impossibles, au même titre que la neige en été, trente degrés en avril sur le Sud de la France, les poulets soudain pourvus de dents, le réchauffement climatique ou la miséricorde désintéressée à Rapture...

Le grand frère s'autorisa quelques mètres de plus. Une porte à demi ensevelie sous les gravats situés plus loin sur sa gauche lui semblait prometteuse.

C'est ça, ouais, avoue juste que tu n'as pas du tout envie d'aller jusqu'au bout du couloir sans la petite à proximité.
J'fais ce que je veux, jusqu'à preuve du contraire.
De toutes façons, on pourra retourner chercher quelque chose quand elle sera levée... Au pire.
Et laisser crever de faim le nouveau venu... t'as pas mieux, comme plan ?
On pourrait défoncer la machine bleue, et prendre ce qu'il y a dedans...
Oh, oui, on appelle ça du vandalisme.
Tu veux nous mettre la sécurité à dos ?
Parasite!
...
Comment tu sais que la sécurité sera déclenchée ?
C'était marqué en petit sur la machine, à coté de la fente pour les pièces.
J'avais pas remarqué.
Tu ne remarques jamais rien...
Heureusement que je suis là.
La petite.
Toi ne nous gonfle pas, on a d'autres impératifs, là.
Aide nous, plutôt.
Plus vite on aura à manger, plus vite on récupèrera la gamine.


Il arriva devant le tas de décombres, mettant fin à la discussion mentale.
L'effondrement du plafond n'avait laissé que peu d'espace praticable, mais au moins la porte ne constituerait pas un obstacle, puisqu'elle servait plus de paillasson que d'autre chose. Le grand-frère se contorsionna dans tous les sens pour passer dans l'espèce de trou de souris formé par l'amalgame de béton et d'acier et le haut du chambranle de la porte, puis finit par ressortir de l'autre coté au prix de larges écorchures tout le long de sa combinaison. Décidément, Alexandre l'avait un peu bâclé...
La lumière de son casque éclairait faiblement l'endroit où il se trouvait à présent, mais il s'agissait sans l'ombre d'un doute d'un endroit clos, et non d'un autre couloir. Il augmenta la puissance de l'éclairage, embrassa la pièce du regard et leva un sourcil. Il avait cherché de la nourriture pendant deux-cent quarante-trois minutes...

Dont dix passées à se retourner pour s'assurer que la petite allait bien...
et une trentaine à revenir sur ses pas jusque dans la cellule voir si elle n'avait pas perdue sa couverture...
mais je ne vais rien dire...
Ouais, c'est ça, dis rien.


... alors qu'il avait le garde-manger des prisonniers de ce bloc presque sous la lanterne.
L'adolescent poussa un long soupir désabusé et entreprit de jeter tout ce qui pouvait être mangeable dans le couloir.

Une chrosôme, qui passait justement par là pour aller récupérer ses deux boîtes de légumes cuits, sa bouteille d'eau et sa nouvelle seringue de plasmide, eu alors le loisir de contempler un fait rare, que ce soit à Rapture, Londres ou Buenos Aires : un tas de gravats crachant des boites de conserves.
Alors que l'humaine bouffie assistait bouche bée au spectacle, une bouteille d'eau ricocha contre le mur et vint se loger dans ce qui restait de son corsage. Elle pencha la tête, fit la plus disgracieuse des grimaces (ou eu un léger sourire, selon le point de vue adopté), et fit demi-tour en courant.

Tandis que Dieu gagnait une nouvelle adepte, le jeune homme empruntait de nouveau l'étroit passage donnant sur le couloir, ajoutant d'autres trous à son armure. Il fit un tas avec la plupart des boîtes de nourriture, et le recouvrit de morceaux de béton jusqu'à le cacher entièrement. Il reviendrait les chercher plus tard : l'Autre avait un sac, il se rendrait utile...
Il récupéra les cinq boîtes et les deux bouteilles qu'il avait mis de côté et retourna vers les cellules qu'ils occupaient provisoirement.

- Grand-frère !

Déjà réveillée ??
Faut croire.
Petite ! Petite ! Petite !
Et v'la ti pas l'aut' qui s'sent plus...
Petite ! Petite ! Petite ! Petite !
Ouais, ouais, bah elle est là, lâche nous.


La gamine couru vers son gardien et se jeta dans ses bras, un large sourire aux lèvres. Quand elle le lâcha, elle leva son visage rayonnant vers lui et commença :

-Tu sais, j'ai bien dormi ! Et puis il y avait un lavabo alors je me suis lavé le visage, j'ai fait pipi, après j'ai joué beaucoup, et j'ai aussi donné au nouveau monsieur...

Un hurlement proche l'interrompit. Elle fit la grimace et se plaqua les mains sur les oreilles tandis que le grand-frère se contentait d'éteindre la sonorisation extérieure, mais même les parois du casque ne purent arrêter en totalité la force du son. Quelques secondes passèrent et le cri décrut, jusqu'à n'être plus qu'un vague gémissement. L'adolescent alluma de nouveau les enceintes, et n'eut pas besoin que la petite finisse sa phrase. Il demanda, en soupirant longuement :

- Plasmide ?

La petite croisa les bras derrière son dos, prit un air penaud et leva des yeux - dorés - de faon vers son protecteur.

- J'aurais pas dû ?

Le grand-frère haussa les épaules, attrapa avec délicatesse sa protégée et la mit sur son dos, puis se dirigea vers la cellule ou avait dormi l'étranger.

Tu ne lui as toujours pas demandé son nom...
Et zut.
La prochaine fois, rappelle-le moi avant qu'il ne se passe quelque chose d'intéressant, tu as un de ces sens de l'à-propos...
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MessageSujet: Re: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitimeDim 10 Juil - 5:34

La douleur était insoutenable...

Succombant à sa curiosité, Vincent s'était injecté la totalité de la seringue dans son bras gauche. Il avait vu de nombreuses affiches durant son éphémère randonnée au sein de la cité sous-marine : semblables à des publicités classiques, elles mentionnaient régulièrement d'incroyables évolutions dûes à la consommation d'"Eve" et d'"Adam".
D'abord bloqué par sa mémoire déficiente, le jeune homme en avait conclu, lorsque la petite soeur lui avait finalement donné de quoi consommer la substance, qu'il s'agissait de la drogue locale. La fatigue, la solitude et une sorte d'étrange attirance aidant, il avait décidé de la tester sur le champ, dans l'espoir d'échapper quelques instants à cette terrifiante réalité.

Désormais, il se tortillait au sol en hurlant, broyé par un étau de souffrance.
C'était comme si son corps ne lui obéissait plus, qu'il le rejetait, le forçant à supporter la douleur en observateur impuissant. Son bras était agité par d'irrépréssibles convulsions, et s'il n'était pas certain d'être la proie d'halucinations, il aurait juré qu'il s'illuminait d'une puissante lueur dorée. Il finit par perdre connaissance.

Lorqu'il se réveilla, il était de nouveau allongé sur son lit de fortune.

La petite fille l'observait, et sourit en le voyant ouvrir les paupières. La créature était revenue dans la chambre, et semblait constamment surveiller la fillette. Son casque émettait une lueur jaunâtre, éclairant suffisament la pièce pour qu'il puisse y voir clairement.
Promenant son regard au sol, il vit une dizaine de conserves entassées dans un coin : une bonne moitié était déjà entamée. Il repéra aussi quelques armes, dont trois pistolets et un étrange fusil, ainsi que son sac et sa barre à mine. Une pile de vêtements ensanglantés terminait l'inventaire. La filette s'était déjà rapproché de lui, et demanda d'une voix enjouée :

- Ca va monsieur ?

Encore ensommeillé, Vincent tâcha se rassembler ses forces, et parvint à s'asseoir sur le bord de la couchette. Passant ses mains sur son visage, il s'arrêta soudain, interloqué par une sensation insolite. Levant son bras gauche à hauteur de ses yeux, il le contempla avec un mélange d'horreur et de fascination :
Ses doigts étaient anormalement contractés, comme artificiellement gonflés. Sur toute la longueur du membre, les nerfs affluaient à fleur de peau, chariant un liquide d'un rose éclatant. Il sentait ses muscles palpiter d'une énergie nouvelle, mais était conscient qu'une force étrange l'habitait, le rendant profondément... différent.

Faisant fi de la question précédente, il demande abruptement :

- Que m'as-tu donné, petite ?

- Un plasmide, dit-elle en souriant largement, comme ça tu deviendras un ange, et c'est moi qui te soignerais !

- Un Plasmide ?

Le jeune homme s'apprêtait à poser une nouvelle question lorsqu'une série d'images lui vinrent à l'esprit. Sur les panneaux qu'il avait croisé, quelques-uns affichaient d'étranges seringues, similaires à celle qu'il avait utilisé.

Ce souvenir lui fit intégrer un fait important à son propos : il possédait manifestement une mémoire édéitique, s'étant avéré capable de mémoriser une multitude de détails depuis son arrivée dans cette cité sous-marine. Bien que cela ne change en rien sa situation présente, cette faculté pourrait s'avérer utile.

Si, bien sûr, je survis assez longtemps pour l'utiliser à bon escient, songea t-il avec une pointe de cynisme.

Fronçant les sourcils, il refoula néanmoins ce flot croissant de souvenirs, tâchant de se concentrer sur ce qu'il avait ingéré :

- Qu'est-ce qu'un plasmide ?

- C'est ce qui transforme les gens en anges : je te l'ai déjà dit, mais tu m'écoutes pas !

Désormais boudeuse, la petite croisa les bras et tourna le dos au jeune homme.
La créature, cependant, avait tourné la tête en sa direction dès qu'il avait posé la question, comme si l'ignorance du jeune homme au sujet de ces "plasmides" l'avait interloquée. S'approchant de lui, elle s'arrêta à quelques pas, le dominant nettement. Il était difficile de savoir si elle méditait où si elle attendait quelque chose de lui.
Soudain craintif, Vincent chercha des yeux de quoi se défendre si l'étrange jeune homme casqué l'attaquait, même s'il avait douloureusement conscience qu'il ne survivrait pas bien longtemps. Il ne savait pas encore s'il s'agissait d'un être humain où... d'autre chose. Certes, il lui avait parlé, mais son apparence et son attitude reflettaient davantage ceux d'un prédateur insectoïde que les caractéristiques d'un homme normal...

Dans tous les cas, il se savait à sa merci, et espérait qu'il n'avait rien dit d'assez grave pour mettre sa vie en péril...


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MessageSujet: Re: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitimeDim 17 Juil - 18:45

Le nouveau venu dormit une petite demi-heure de plus, et le grand-frère employa ce laps de temps à réunir quelques objets indispensables à la survie de celui-ci. Pâle, trempé, grelottant et simplement armé d’une barre à mine, il n’irait pas bien loin. L’adolescent se demanda longuement ce qui le poussait à aider ainsi un parfait inconnu, et il se le demandait encore lorsque l’homme s’éveilla, toujours sous le choc de sa première injection. Il avait examiné l’intrus peu avant son réveil, ses traits creusés par la fatigue et la peur, ses cernes à peine diminuées par un sommeil trop court, ses cheveux en bataille... et malgré le fort ressentiment qu’il éprouvait à l’encontre de tout ce qui mesurait plus d’un mètre vingt, le grand-frère se rendit compte qu’il avait de la sympathie - nuancée d’une certaine pitié - pour lui. Peut-être son statut d’égaré aidait-il... La petite avait confiance, aussi, et elle l’aimait bien.

Et alors ? Elle n’est pas infaillible !
Elle est... « désarmante ».
Ça change quoi ?
Et bien... Je sais pas trop. Mais si elle a confiance, alors  j’ai confiance... pour le moment.

- Ça va monsieur ?

Le grand-frère s’arracha à sa réflexion. L’individu était à présent totalement réveillé et les questions se bousculaient dans la tête de l’adolescent, donc forcément ça tombait bien.

- Que m'as-tu donné, petite ?

Quoi, il sait pas ?

L’homme semblait en pleine incompréhension, et la fillette était littéralement radieuse de s’être trouvé un nouveau copain avec qui parler de son butinage malsain.

- Un plasmide, comme ça tu deviendras un ange, et c'est moi qui te soignerais !

Brave gamine.

- Un Plasmide ? Qu'est-ce qu'un plasmide ?

Alors c’est vraiment un étranger ? Un de la surface ?
À n’en pas douter.
Et il sait pas pour l’Adam, et tout ?
Apparemment non.
Donc il va donc falloir le lui expliquer ?
Très certainement.

L’adolescent soupira. Déjà peu loquace, il s’était pris à rêver ne plus avoir à adresser la parole à quiconque ( ou alors pas plus de trois mots ) depuis que sa gorge le faisait souffrir. Donner une explication longue et détaillée conduirait sans aucun doute à une irritation particulièrement insoutenable de ses cordes vocales.

Mais ne dit-on pas qu’un petit dessin vaut mieux qu’un grand discours ?
... !


Il remercia Tenenbaum et Alexandre pour l’octroi du concile qui sévissait à l’intérieur de sa tête. Même s’il semblait particulièrement destiné à l’emmêler dans des tergiversations interminables, le conclave qui avait élu domicile dans son esprit lui était parfois d’un grand secours.

- C'est ce qui transforme les gens en anges : je te l'ai déjà dit, mais tu m'écoutes pas !

Une vision des choses qui se respecte, même si quelque peu incomplète.
Bah surtout ça ne va pas trop aider le m’sieur, là.
On explique, alors ?
On explique.


Le grand-frère s’approcha du nouvel arrivant et attrapa la main de la petite sœur, qui commençait déjà à bouder. Après un instant d’hésitation il plaça la fillette devant lui et la désigna à l’homme.

-Petite sœur.

Il montra alors successivement l’amoncellement de cadavres partiellement troués qui commençait à répandre ses effluves de mort, la seringue de la petite puis la bouche de cette dernière, d’où coulait un peu de la précieuse substance visqueuse.

-Adam.

L’adolescent ramassa la seringue de plasmide tombée non-loin de la couchette et désigna le tube encore luisant de liquide.

-Adam, modifié.

Il mima le fait d’enfoncer la seringue dans son bras et attendit ostensiblement, avant de contracter sa main pour la faire s’embraser.

-Plasmide.

Plus simple et plus basique, tu meurs.
Hé, je suis pas scientifique, moi, j’étais du mauvais côté de la blouse blanche. Je ne connais que les grandes lignes. Je ne sais presque rien du processus.
Tu ne sais pas, ou tu n’as pas envie de savoir ?
... C’était censé vouloir dire quoi, ça ?
Tu finiras bien par comprendre.
Hum, je rappelle juste que notre explication n’est pas terminée...
Ha ?
Bah oui, et nous dans l’histoire ?
Je protège la petite sœur.
Et donc ?
Donc il faut lui dire que je protège la petite sœur.
Quelle capacité de déduction foudroyante !
Ouais, bof. Moi je dis ça coule de source qu’on la protège.

La fillette mit un terme prématuré aux pérégrinations mentales de son gardien en le tirant par la manche, un grand sourire aux lèvres.

- Grand-frère, tu me porte dans les bras ? J’ai mes jambes toutes fatiguées.

Le jeune schizophrène la souleva et la cala contre son torse, avant de se désigner à l'importun.

- Je protège.

Il hocha la tête, signifiant par ce geste que l’explication était terminée, et s’éloigna, emportant la petite fille en dehors de la cellule. Il se retourna juste avant de sortir et pointa du doigt l’attirail qu’il avait ramené.

- Pour toi.

Après quoi il sortit, la fillette scotchée au cou et heureux d’avoir pu communiquer sans trop s’arracher la gorge, et se dirigea vers un robinet d’eau potable dans l’espoir d’apaiser légèrement l’irritation que ces quelques mots lâchés avec parcimonie avaient provoqué.
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MessageSujet: Re: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitimeMar 2 Aoû - 5:00

Vincent resta interdit après le discours de la créature, se concentrant sur ses paroles tandis qu'elle quittait la cellule. Aussi court et incomplet que cette tirade ait pu être, elle répondait à une bonne partie des nombreuses questions qu'il se posait depuis son arrivée dans cet enfer sous-marin :

Cette petite fille est donc une sorte de réservoir ambulant, qui charrie dans ses veines cette fameuse substance, l'Adam. L'ayant extraite des cadavres il y a quelques heures avec une évidente jubilation, elle ne doit, pour une obscure raison, pas réaliser la gravité de ce qu'elle fait, considérant son vampirisme comme un acte tout à fait normal, voire même curatif.

Vincent frémit à l'idée que des êtres humains aient osés faire cela à une enfant... il restait désormais à savoir si elle était un cas à part, où s'il existait d'autres jeunes filles ou garçons dans ce cas. La créature, vu son manque flagrant de conversation, ne lui serait pas d'une grande aide.

Cet Adam se trouverait donc à l'état brut dans cette petite fille, et pourrait être modifié, puis incubé dans ces plasmides. Celles-ci seraient capables de conférer à leur utilisateur des capacités surhumaines après injection dans le sang.

Le jeune homme fixa son bras avec désormais davantage de curiosité que de répulsion. La substance était en lui, il ne pouvait plus rien y faire : restait à voir s'il s'avérerait capable de rendre utile un tel don. Le souvenir des flammes invoquées par la créature vint s'imprimer dans sa mémoire déficiente.

Le jeune homme casqué possède manifestement un pouvoir d'ignition, et l'utilise avec une facilité déconcertante : le mien ne devrait donc pas être trop difficile à employer, pourvu que je découvre en quoi il consiste sans causer de dégâts.

Les images défilaient et s'assemblaient dans l'esprit de l'amnésique, formant péniblement un tout cohérent à propos du nouvel univers qui était désormais le sien.

La plupart des habitants semblent avoir sombrer dans la folie, mais certains doivent encore être capables d'émettre des pensées cohérentes... Comme cette créature.

Pensant à elle avec malaise, le jeune homme décida qu'il était temps de statuer sur celle-ci. Elle ne parlait que par brides, mais ses actions parraissaient être le fruit d'une réelle réflexion, aussi primitive ou tourmentée soit-elle. Physiquement, c'était sans conteste un être humain, mais cette armure évoquaient toujours à Vincent quelque chose de profondément monstrueux. De surcroît, il n'avait pas oublier le massacre sanglant à laquelle elle s'était livrée lorsqu'il l'avait apperçu...

Beaucoup de facteurs indiquent que c'est un être humain pensant, mais profondément instable. Je ferrais mieux de rester dans les bonnes grâces de la petite fille : elle semble être la seule chose qui le préoccupe réellement.

Il s'avisa ensuite des fournitures qu'elle lui avait laissé... Et tiqua devant les conserves.
Un simple gargouillement le persuada de s'y ruer, réalisant enfin combien il était affamé. La nourriture avait une odeur de renfermé et un goût fade, à la limite du consommable, mais il l'engloutit trop rapidement pour y prêter attention. S'apprêtant à ouvrir les conserves suivantes, il se retint malgré les protestations de son estomac. Il avait consommé assez pour ne pas mourir de faim aujourd'hui : il se bénirait peut-être ensuite d'avoir su juguler ses ardeurs.

Il prit son sac, alors posé à même le sol, et le vida sur sa couchette, faisant l'inventaire de ce qu'il était péniblement parvenu à accumuler. Il énuméra à haute voix ses provisions, en y ajoutant les objets que l'homme venait de lui laisser (il prit d'ailleurs soin de trier les vêtements, et en sélectionna cinq qui paraissaient encore portables malgré le sang qui les maculait, plus deux paires de chaussures à sa taille) :

- Trois flasques d'eau potable, quatre conserves, trois pistolets avec une trentaine de munitions, un fusil contenant six balles, cinq vêtements, deux paires de chaussures, ma barre à mine... Et ma pauvre carcasse.

Parvenant péniblement à tout fourrer dans son sac, il le ferma solidement à l'aide d'un bout de tissu prélevé sur un vêtement inutilisable. Il se permit un petit sourire : les choses n'allaient pas si mal, finalement. Son ventre cessait de crier famine, et il avait à présent de quoi se défendre.

Je compte bien survivre le temps de trouver des réponses, Rapture.

Il avisa les vêtements qu'il avait délaissé, et une idée lui vint à l'esprit. A l'aide de sa barre à mine, sévérement échardée au point d'en devenir tranchante à certains endroits, il se mit à découper lentement les morceaux de tissu grossier et les toiles épaisses qui les constituaient. Surpris par le savoir-faire naturel qu'il déployait à la tâche, il commença par assembler les morceaux à l'aide de noeuds solides, jusqu'à parvenir à former un ensemble qui s'apparentait vaguement à une couverture, et l'enfourna dans son sac.
Satisfait, il soupesa le reste du regard, et l'estima suffisant pour ce qu'il comptait faire. Il se mit à découper lentement les manches des hauts et les pantalons, puis les noua ensemble de façon compacte, jusqu'à aboutir à un cercle très grossier mais large et solide. avant de nouer les deux bouts, il le passa autour de sa taille, et le relia à l'aide d'un noeud compliqué qu'il laissa délibérement très lâche, afin de pouvoir serrer ou desserrer à sa guise.
Observant sa ceinture de fortune, il en conclut qu'elle assurerait l'essentiel, mais risquait de se disloquer à la première difficulté. Il la retira, puis la compléta par les lambeaux qui traînaient dans la pièce, les nouant sur les deux côtés de manière à en faire des poches. Il placa dans la gauche un pistolet, dans la droite une flasque d'eau, et se permit de les renforcer en y ajoutant une seconde épaisseur.

Lorsque les deux revinrent de leurs pérégrinations, ils le trouvérent en train d'arrimer son sac et tester la solidité de la ceinture. La petite fille regarda son accoutrement avec amusement, puis éclata de rire en voyant la couverture et le fusil nettement dépasser du sac :

- T'es ridicule monsieur !

Le jeune homme casqué, de son côté, observa longuement le jeune homme, puis finit par émettre un hochement de tête approbateur. Il était décidemment avare de paroles, et Vincent n'allait pas insister pour lui délier la langue après ses précédentes démonstrations de force.
Alors qu'il s'apprêtait à répliquer à la jeune fille, des cris de stupeur se firent entendre dans la salle où le combat avait eu lieu. Apparemment, un autre groupe avait reconnu les cadavres, et semblait s'en soucier. Le gardien de la fillette murmura d'une voix sifflante :

- Chrôsomes.

Dégainant son pistolet, Vincent se rapprocha de lui et se tint prêt à agir.
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MessageSujet: Re: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitimeLun 24 Oct - 18:20

C’est...
Perturbant ?
Oui, c’est cela même. C’est perturbant.


Le grand-frère n’arrivait pas à se concentrer sur autre chose que l’épouvantable fatras de bouts de tissus qui composait en grande partie la nouvelle tenue de l’homme. L’adolescent se doutait bien de l’utilité pratique de l’accoutrement, mais il n’en restait pas moins sceptique. La honte ne tue pas, dit-on, mais ce patchwork serait sans doute l’exception qui confirmerait la règle, s’ils venaient à passer devant un miroir. C’était...

Parfaitement grotesque !

En effet.
Le nouveau-venu avait apparemment noués entre eux la plupart des vêtements que le grand-frère avait récupéré, et s’était confectionné une couverture grossière ainsi qu’une ceinture.

- T'es ridicule monsieur !

La petite sœur n’avait pas pu s’empêcher d’éclater de rire, et l’adolescent soutint cette affirmation pleine de bon sens d’un hochement de tête, un large sourire dissimulé derrière la vitre de son casque. L’autre s’avérait plutôt amusé de la réaction qu’il suscitait, et semblait vouloir rétorquer quelque chose, mais un concert de glapissements proches l’en empêcha. Les lèvres de l'adolescent formèrent un rictus dédaigneux.

- Chrôsomes.

Instinctivement, le grand-frère fit reculer la fillette dans le coin le moins exposé de la cellule et celle-ci s’y cacha, comme si elle avait pu lire les pensées de son gardien. L’autre avait sortit son arme et paraissait plus en forme que tout à l’heure, peut-être même impatient. L’adolescent attrapa la main armée de l’inconnu et le fit légèrement reculer, lui aussi.

- Bouge pas.

Il désigna la petite tapie dans l’ombre, puis la porte de la cellule.

- Protège. Laisse personne entrer.

Sur quoi il ferma les yeux et se concentra, comme lui avaient expliqué les médecins, et visualisa dans son esprit la grande pièce où s’entassaient maintenant un tas de cadavres. Une lumière violacée traversa ses paupière et, lorsqu’il rouvrit les yeux, il constata qu’il se trouvait sur la pile de chrosômes morts, face à cinq rapturiens passablement troublés.

-Oups.

Je crois qu’on va laisser tomber l’effet de surprise.
Nan, t’es sûr ?


A son grand étonnement, ces cinq là semblaient plus perspicaces que le groupe qu’il avait déjà rencontré, puisqu’ils fuyaient désormais à toutes jambes.

Droit dans la direction de la cellule abritant la petite, non ?
Imbéciles !


Le grand-frère s’élança, tentant de rattraper les fuyards, mais n’y parvint pas, bien qu’il gagna du terrain.

Fortifiant sportiv triple plus ? Comment ont-ils eu accès à un fortifiant de cette catégorie, puisqu’elle est réservée aux grandes sœurs ?

Le grand-frère faillit s’arrêter, stupéfait.

Comment je sais ça, moi ?

Il jeta un regard aux chrosômes : ils avaient presque atteint la cellule, et l’un d’eux tendis le bras dans cette direction en hurlant un avertissement. Ils savaient qu’il y avait quelqu’un. L’adolescent accéléra.

Si l’autre laisse la petite se faire blesser, je le tue !
Et si il meurt avant ?
...
J’le retue.


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MessageSujet: Re: Sortie du coma...    Sortie du coma...  I_icon_minitime

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